Mais il a fallu à l'intelligence occidentale un temps beaucoup plus long pour admettre que des peuples peu avancés au point de vue technique et n'ayant pas d'écriture à eux comme c'est le cas, par exemple, de la majorité des noirs d'Afrique, des Mélanésiens et des Polynésiens, des actuels Indiens des deux Amériques et des Esquimaux (bien qu'on puisse trouver chez telles de ces populations l'emploi de la pictographie ou celui de signes mnémoniques) possèdent néanmoins leur « civilisation », c'est-à-dire une culture qui, même si l'on envisage les groupes les plus humbles, s'est révélée à un certain moment (en admettant qu'elle ait perdu cette capacité ou qu'elle soit même en régression) douée de quelque pouvoir d'expansion et dont certains traits apparaissent comme communs à plusieurs sociétés distribuées sur une aire géographique plus ou moins vaste. J. M. Place. Diploma de Honra, Instituto de Cultura e Lingua Portuguesa, Lisboa, 1980. Les grands fondateurs de religions (tels le Bouddha, Jésus ou Mahomet) ne sont jamais que des réformateurs procédant à la refonte plus ou moins complète d'une religion préexistante ou de purs syncrétistes combinant en un système inédit des éléments de provenances diverses ; de même, la réflexion philosophique ou morale, dans une culture donnée, s'attache à des problèmes traditionnels qu'on pose et qu'on résout de manières différentes suivant les époques et sur lesquels peuvent être émises, simultanément, des opinions divergentes mais n'en relevant pas moins d'une tradition, en ce sens que chaque penseur reprend toujours la question au point où l'a laissée un de ses prédécesseurs ; une œuvre littéraire ou plastique, elle aussi, a toujours ses antécédents, pour révolutionnaire qu'elle puisse paraître : les peintres cubistes, par exemple, se sont réclamés de Paul Cézanne qui était un impressionniste et ils ont trouvé dans la sculpture négro-africaine, en même temps que certains [29] enseignements, un précédent qui leur permettait de justifier la légitimité de leurs propres recherches ; dans le domaine des relations sociales proprement dites, le « non-conformiste » quel qu'il soit il en est chez tous les peuples et dans tous les milieux s'inspire généralement d'un précédent et, s'il innove, se borne à reprendre en allant plus loin ou plus délibérément ce qui, chez d'autres, est demeuré plus ou moins velléitaire. À travers tous les événements de son histoire (qui ne semblent pas avoir influencé notablement le type physique, fixé de très bonne heure, mais qui ont eu des conséquences culturelles), elle aura été le théâtre où évolua, sans trop d'à-coups, une civilisation dont l'oasis constituée par les rives du Nil (fertilisées grâce aux crues annuelles du fleuve) était le support matériel ; à l'époque hellénistique, Alexandrie, capitale des Ptolémées, a joui d'un éclat considérable lié à son caractère de ville cosmopolite, située au carrefour de l'Afrique, de l'Asie et de l'Europe. [La diffusion de ce livre, dans Les Classiques des sciences sociales, a été accordée le 3 avril 2008 par M. Jean Jamin, secrétaire général de la revue L'Homme, responsable de l'héritage intellectuel de l'auteur.] Centre Georges Pompidou. 534 kr. Rien n'autorise à l'affirmer, car l'héritage biologique d'un individu se composant d'une nombreuse série de caractères qui viennent du père et de la mère et (suivant l'image employée par Ruth Benedict dans son exposé des lois mendéliennes de l'hybridation) « doivent être conçus non comme de l'encre et de l'eau qui se mêlent mais comme un assortiment de perles qui s'arrangeraient d'une manière nouvelle pour chaque individu », des individus représentant des arrangements [13] inédits sont constamment produits, de sorte qu'une multitude d'associations différentes de caractères sont ainsi obtenues en peu de générations. Cela vaut aussi bien pour les innovations en matière de religion, de philosophie, d'art ou de morale que pour celles qui intéressent les branches diverses de la science et de la technique. Davis has also written stories which reference Leiris and thus position him as a precursor. More information will be found under this same title in the lectures for 1937-38.] When peoples meet, édité par Alain Locke et Bernhard J. Stern. On peut s’interroger sur la sincérité de ce portrait, dont Picasso, ami de Michel Leiris, aurait dit que le plus grand ennemi de l’auteur n’aurait pas pu faire pire. Une confusion du même ordre, exploitée de la façon que l'on sait par la propagande raciste, s'est opérée à propos des « Aryens » : quoi qu'en ait dit le comte de Gobineau (qui fut, avec son Essai sur l'inégalité des races humaines paru en 1853-1857, l'un des premiers propagateurs de l'idée de la supériorité nordique), il n'y a pas de race aryenne ; on peut seulement inférer l'existence, au IIe millénaire avant notre ère, dans les steppes qui couvrent le Turkestan et la Russie méridionale, d'un groupe de peuples doués d'une culture et d'une langue communes, l'indo-européen, d'où dérivent entre autres langues le sanskrit, le grec ancien et le latin, ainsi que la plupart des langues parlées aujourd'hui en Europe, car l'expansion et l'influence de ces peuples ont intéressé une aire d'une ampleur considérable. Un individu dont les parents sont l'un de race blanche et l'autre de race noire est ce qu'on appelle un « mulâtre » ; cela dit, convient-il de le ranger dans la catégorie des blancs ou dans celle des noirs ? Reste qu'aujourd'hui encore, dans le vaste carrefour qu'est devenu le monde grâce aux moyens de communication dont il dispose, l'homme de race blanche et de culture occidentale tient le haut du pavé, quelles que soient les menaces de bouleversement qu'il sent monter [4] du dehors et du dedans contre une civilisation qu'il regarde comme la seule digne de ce nom. Il convient de rappeler également que, lorsque Jules César aborda sur les côtes de la Grande-Bretagne (52 av. Les racines économiques et sociales du préjugé de race apparaissent très clairement si l'on considère que le premier grand doctrinaire du racisme, le comte de Gobineau, déclare lui-même avoir écrit son trop fameux Essai pour lutter contre le libéralisme : il s'agissait pour lui, qui appartenait à la noblesse, de défendre l'aristocratie européenne menacée dans ses intérêts de caste par le flot montant des démocrates, et c'est pourquoi il fit des aristocrates les représentants d'une race prétendue supérieure, qu'il qualifia d'« aryenne » et à laquelle il assigna une mission civilisatrice. Récit à la première personne, celui qui dit « je », c’est bien l’auteur, celui qui tient sa plume. De même, quand on a cru observer chez les prétendus « primitifs » une supériorité sur les « civilisés » dans le domaine des perceptions sensorielles supériorité conçue comme une manière de corollaire à leur infériorité présumée dans le domaine intellectuel on a conclu trop vite et négligé de faire la part de l'éducation perceptive : celui qui vit, par exemple, dans un milieu où la chasse et la collecte des végétaux sauvages constituent la principale ressource alimentaire acquiert, sur le civilisé, une supériorité notable dans l'art d'interpréter des impressions visuelles, auditives, olfactives, dans l'habileté à s'orienter, etc. I. Used. Dactylographie avec corrections autographes.Michel Leiris, « Quant à Arnold Schoenberg », in Brisées, Mercure de France, 1966 Telles sont les inconséquences de doctrines comme le racisme, qui n'hésitent pas à forcer les données scientifiques et celles même de l'élémentaire bon sens selon les besoins politiques de leurs tenants. Ex : « Mes parents » ; « le vieux médecin » ; « Ma mère »…. 2e édition. In the late 1970s, more than a hundred years after Olympia made her debut, French writer and ethnographer Michel Leiris (1901 – 1990) adopted the enigmatic young woman as his muse and made her the centerpiece—or perhaps justification—for a continued exploration of aging and death, themes that had long dominated his literary pursuits.. Basel, Kunstmuseum. D'une manière générale, les Occidentaux modernes s'émerveillent des inventions et découvertes qui peuvent être portées à l'actif de leur civilisation et s'imagineraient pour un peu qu'ils ont, dans ce domaine, un monopole. Commande Suspendue !En raison du grand nombre de demandes, et pour pouvoir les traiter au mieux, le site est fermé. [La traduction française du livre est disponible dans Les Classiques des sciences sociales sous le titre : De l’homme. D'aucuns peuvent avancer qu'il n'est pas difficile de reconnaître un Anglais d'après certains caractères extérieurs qui lui composent une allure propre : sobriété de gestes (s'opposant à la gesticulation qu'on attribue d'ordinaire aux gens du Midi), démarche, expressions du visage traduisant ce qu'on désigne sous le terme assez vague de « flegme ». De prime abord, on peut penser que rien n'est changé s'il est question de la « race latine » alors que c'est « civilisation latine » qu'il faudrait dire, les Latins n'ayant jamais existé en tant que race, c'est-à-dire (suivant la définition du professeur H.-V. Vallois) en tant que groupement naturel d'hommes présentant un ensemble de caractères physiques héréditaires communs. ... Any corrections or updated information is confined to infrequent footnotes. Farrar, Straus and Co., New York, 1949. On ne peut pas exactement parler de personnage puisqu’il s’agit d’une personne réelle. Paris: Gallimard, 2014. The "moving wall" represents the time period between the last issue available in JSTOR and the most recently published issue of a journal. J.-C). ), il est bien évident que, le propre d'un « grand homme » étant de se voir reconnu tôt ou tard par un large milieu social, il est impossible par définition qu'une société isolée ait produit ce que nous appelons un « grand homme ». La question [8] se complique, toutefois, dès que nous prenons en considération le fait qu'entre ces divers groupes il s'opère des métissages. Discussions. Du point de vue de l'anthropologie physique, l'espèce Homo sapiens se compose donc d'un certain nombre de races ou groupes se distinguant les uns des autres par la fréquence de certains caractères transmis par la voie de l'hérédité mais qui ne représentent évidemment qu'une faible part de l'héritage biologique commun à tous les êtres humains. Pratiquement, une race ou sous-race se définira comme un groupe dont les membres se tiennent, en moyenne, dans ces limites arbitrairement choisies quant aux divers caractères physiques retenus comme différentiels et il se produira, d'une population à l'autre, des chevauchements, les éléments les plus clairs de peau, par exemple, dans des populations considérées comme de race noire étant parfois aussi peu foncés voire moins foncés que les éléments les moins clairs dans des populations considérées comme de race blanche. Âgé de cinq ou six ans, je fus victime d'une agression. Centré essentiellement sur l'enfance et la jeunesse de Leiris, le récit se veut aussi et surtout une interprétation de l'existence. Ashley Montagu (M.F. Un tel ensemble ne peut par conséquent jamais se présenter comme défini une fois pour toutes mais est constamment sujet à des modifications, tantôt assez minimes ou assez lentes pour être presque imperceptibles ou passer longtemps inaperçues, tantôt d'une ampleur telle ou d'une rapidité si grande qu'elles prennent une allure de révolution. Si forte est, d'une manière générale, l'emprise de la culture sur l'individu que même la satisfaction de ses besoins les plus élémentaires ceux qu'on peut qualifier de biologiques parce que les hommes les partagent avec les autres mammifères : nutrition, par exemple, protection et reproduction n'échappe jamais aux règles imposées par l'usage, sauf circonstances exceptionnelles : un Occidental, s'il s'agit d'un individu normal, ne mangera pas de chien à moins d'être menacé de mourir de faim et, en revanche, beaucoup de peuples n'auraient que du dégoût pour certains mets dont nous nous régalons ; un homme quel qu'il soit s'habillera selon son rang (ou bien selon le rang qu'il voudrait faire passer pour le sien) et la coutume ou mode en l'occurrence primera souvent les considérations pratiques ; dans nulle société, enfin, le commerce sexuel n'est libre et il existe partout des règles variables d'une culture à une autre culture pour proscrire certaines unions que les membres de la société envisagée regardent comme incestueuses et, de ce fait, comme constituant des crimes. Merci de nous soutenir en faisant un don aujourd'hui. De même, moins un peuple sera isolé et plus il aura d'ouvertures sur l'extérieur et d'occasions de contact avec d'autres peuples (dans la paix et dans la guerre elle-même, car la guerre, sans être à beaucoup près la plus souhaitable vu qu'il arrive fréquemment que la culture d'un peuple ne survive pas ou ne survive que par quelques débris à l'épreuve de la conquête militaire ou de l'oppression, représente néanmoins l'une des façons dont les peuples prennent contact), plus la culture de ce peuple aura de chances d'évoluer, s'enrichissant aussi bien par des emprunts directs qu'en raison d'une diversité plus grande d'expériences pour ses représentants et de la nécessité dans laquelle ils se trouvent de répondre à des situations inédites. La culture intervient donc à tous les niveaux de l'existence individuelle et se manifeste aussi bien dans la façon dont l'homme satisfait ses besoins physiques que dans sa vie intellectuelle et dans ses impératifs moraux. Le préjugé racial n'a rien d'héréditaire non plus que de spontané ; il est un « préjugé », c'est-à-dire un jugement de valeur non fondé objectivement et d'origine culturelle : loin d'être donné dans les choses ou inhérent à la nature humaine, il fait partie de ces mythes qui procèdent d'une propagande intéressée beaucoup plus que d'une tradition séculaire. On ne peut nier, en outre, que même des techniques très humbles impliquent une grande somme de savoir et d'habileté et que l'élaboration d'une culture tant soit peu adaptée à son milieu, si rudimentaire soit-elle, ne serait pas concevable s'il ne s'était jamais produit dans la collectivité envisagée que des intelligences médiocres. Du point de vue génétique on voit mal comment le monde humain actuel ne serait pas tant soit peu chaotique, puisque des types très divers apparaissent dès les époques préhistoriques et qu'il semble que des migrations de peuples et des brassages considérables se soient produits très tôt au cours de l'évolution de l'humanité. La culture des différents peuples reflète, essentiellement, leur passé historique et varie dans les limites mêmes où leurs expériences ont été différentes. Il est entendu, en outre, que, les sciences dans leur ensemble étant le produit d'innombrables démarches et processus divers auxquels toutes les races ont contribué depuis des millénaires, elles ne peuvent en aucune manière être regardées par les hommes à peau blanche comme leur apanage exclusif et le signe, en eux, d'une aptitude qui leur serait congénitale. Y aurait-il, entre race et civilisation, une liaison de cause à effet et chacun des divers groupes ethniques serait-il, en somme, prédisposé à l'élaboration de certaines formes culturelles ? Important et beau manuscrit autographe de travail, offrant de nombreuses ratures et corrections. Dans un article récemment publié par le Courrier de l'Unesco, le Dr Alfred Métraux (l'un des ethnographes dont les travaux ont porté sur le plus grand nombre de régions du globe) écrivait : Ironie non moins étrange, c'est dans la mesure où les races réputées inférieures prouvent qu'elles sont à même de s'émanciper que, les antagonismes devenant plus aigus dès l'instant que les hommes de couleur font pour les blancs figure de concurrents ou se voient reconnaître un minimum de droits politiques, le dogme racial est affirmé avec une énergie plus manifeste tandis que, paradoxe non moins grand, c'est par [5] des arguments présentés sous le couvert de la Science cette divinité moderne et de son objectivité qu'on cherche à justifier rationnellement ce dogme obscurantiste. Ceux qui hasarderaient, toutefois, une pareille assertion auraient chance d'être pris bien souvent en défaut ; car il s'en faut de beaucoup que tous les Anglais présentent ces caractères et, même en admettant qu'ils soient ceux de l’« Anglais typique », il n'en demeurerait pas moins que ces caractères extérieurs ne sont pas des caractères physiques : attitudes corporelles, façons de se mouvoir ou de faire jouer les muscles de la face relèvent du comportement ; ce sont des habitudes, liées au fait qu'on appartient à un certain milieu social ; loin d'être choses de nature ce sont choses de culture et si l'on peut à la rigueur les regarder comme des traits, non pas « nationaux » (ce qui serait généraliser d'une manière abusive), mais communs dans une certaine classe de la société pour un certain pays ou une certaine région dudit pays on ne saurait les compter parmi les signes distinctifs des races. Extrait du « Journal de psychologie normale et pathologiques », (Paris), XXXVe année, 1938, pp. Nombreuses ratures et corrections. Dissertation : “Littérature et Tauromachie, une lecture de Michel Leiris.” Director: Ross Chambers. Qu'on assimile plus ou moins à des manières de bêtes fauves ces gens que l'on prétend dénués de culture ou qu'on prête au contraire un caractère édénique à leur vie considérée comme « primitive » et pas encore corrompue, le fait est que pour le plus grand nombre des Occidentaux il y a des hommes à l'état sauvage, des non-civilisés, qui représenteraient l'humanité à un stade répondant à ce qu'est l'enfance sur le plan de l'existence individuelle. Moving walls are generally represented in years. Ce à quoi une société s'intéresse et qu'elle regarde comme important peut différer totalement de ce qu'une autre société fait passer au premier plan : les Indous ont donné un grand développement aux techniques de maîtrise de soi et de méditation mais n'ont porté jusqu'à une époque récente qu'un très faible intérêt à ces techniques matérielles vers le perfectionnement desquelles nos contemporains américains et européens font tendre leur effort alors qu'ils ne sont guère enclins, dans l'ensemble, à la spéculation métaphysique et, moins encore, à l'exercice de la philosophie ; au Tibet, la vie monacale a toujours pris le pas sur la vie militaire, dont l'importance pour nous est devenue si tragique ; si l'élevage est à tel point valorisé chez maints nègres kamitisés de l'Afrique orientale que le bétail est pour eux un trésor plus qu'un moyen de subsistance et qu'on voit, par exemple, le peuple banioro divisé en deux classes dont la plus haute pratique l'élevage et la plus basse l'agriculture, maints groupes de cultivateurs noirs de l'Afrique occidentale font garder leurs troupeaux par des Peuls qu'ils méprisent. Name * Email * Comments * Leave this field blank . C'est, en effet, dans un certain environnement physique (soit le milieu bio-géographique) et dans un certain environnement social que l'individu vient au monde. La langue qui «fourche» est un outil d'expérimentation du langage. Dans le cas de petites sociétés relativement stables et isolées (soit telle communauté esquimau vivant, en économie presque fermée, de la chasse aux phoques et autres mammifères aquatiques), les représentants des divers lignages constitutifs de la communauté ont à peu près la même hérédité et l'on pourrait, alors, parler de pureté raciale. Herskovits (M.J.), Man and his Works. Il débute des études de chimie mais il les interrompt après son service militaire : « J’obéis à ma vocation - et renonçant aux vagues études que j’avais poursuivies jusqu’alors - je quittai le laboratoire où j’avais fini mon service [...], décidé à consacrer toute mon activité à la littérature ». The title of my dissertation, Rational Enchantment, then, describes this poéthique process. Il nous faut donc admettre que, s'il existe des hommes qui peuvent être regardés comme blancs, noirs ou jaunes, il en est d'autres que leur ascendance mixte empêche de dûment classer. n'autorisent pas à préjuger l'existence de manières d'être et d'agir propres aux membres de chacune des variétés humaines : dès qu'on abandonne le terrain de la biologie pure, le mot « race » perd toute espèce de signification. [25] Quant à l'environnement social, il joue à un double titre : de manière directe, par les modèles que fournissent au nouveau venu les comportements des autres membres de la société à laquelle il appartient et par l'espèce d'encyclopédie abrégée que représente le langage, en lequel a cristallisé toute l'expérience passée du groupe ; de manière indirecte, vu que les divers personnages (par exemple, parents) qui interviennent dans l'histoire de l'individu dès sa première enfance phase cruciale, par laquelle sera marqué tout le développement ultérieur sont eux-mêmes influencés dans leur personnalité et dans leur conduite à son égard par la culture en question. Si mes souvenirs sont justes, je m'imaginais que nous allions au cirque ; j'étais donc très loin de prévoir le tour sinistre que me réservaient le vieux médecin de la famille, qui assistait le chirurgien, et ce dernier lui-même. Il faut noter, toutefois, qu'il s'agit là d'une vue théorique car l'individu en question, même si sa famille d'adoption était exempte de toute espèce de préjugé racial, se trouverait (ne serait-ce que par le fait de sa singularité extérieure) dans une situation distincte, en vérité, de celle des autres enfants ; pour que l'expérience soit valable, il faudrait, en tout cas, pouvoir éliminer l'influence (d'orientation et d'importance non prévisibles) qu'aurait vraisemblablement sur l'individu ainsi adopté le fait d'être regardé comme différent des autres, sinon par son entourage immédiat, du moins par d'autres membres de la société. Simple corrections or comments with new information about artists or works of art can be submitted here. La question raciale devant la science moderne. Alfred A. Knopf, New York, 1949. Dira-t-on que c'est par suite de changements dans la répartition des gènes que les capacités en matière de beaux-arts sont sujettes à de telles fluctuations ? La vie d'un groupe est, certes, dans la dépendance de son milieu bio-géographique : il ne saurait être question d'agriculture dans les régions arctiques, non plus que de grand élevage dans une bonne partie de l'Afrique tant qu'y sévira la mouche tsé-tsé, ennemie du gros bétail ; il est certain, en outre, qu'un climat tempéré est, en règle générale, plus favorable qu'un climat extrême à l'établissement humain et au développement démographique. » À partir de ce moment je ne me souviens de rien, sinon de l'attaque soudaine du chirurgien qui plongea un outil dans ma gorge, de la douleur que je ressentis et du cri de bête qu'on éventre que je poussai. Une culture n'apparaît donc ni comme le fait d'un « héros civilisateur » (ainsi que le voudraient tant de mythologies) ni même comme celui de quelques grands génies, inventeurs ou législateurs ; elle résulte d'une coopération. Exposé par Lucien Febvre, E. Tonnelat, Marcel Mauss, Alfredo Niceforo, Louis Weber. S'il semble bien qu'on ne puisse observer nulle culture dont tous les éléments soient dus à une race unique, on constate de surcroît qu'aucune race n'est nécessairement attachée à une culture unique. Abstract. The science of man in the world crisis, dirigé par Ralph Linton. Delafosse (Maurice), Civilisations négro-africaines. Michel LEIRIS, L'Âge d'homme, « la gorge coupée ». L'histoire nous apprend en effet que, comme tous les peuples de l'Europe, le peuple anglais s'est formé grâce à des apports successifs de populations différentes : Saxons, Danois, Normands venus de France ont tour à tour déferlé sur ce pays celtique et les Romains [9] eux-mêmes, dès l'époque de Jules César, ont pénétré dans l'île. This research proposes an approach to the concept through the eyes of George Bataille (1897-1962) and Michel Leiris (1901-1990) in 1930s France, having in sight the crossing of their intellectual experiences and their theoretical formulations. Nous sollicitons votre aide durant tout le mois de décembre 2020 pour nous aider à poursuivre notre mission de démocratisation de l'accès aux savoirs. Cette civilisation dont les Occidentaux sont si fiers s'est édifiée grâce à de multiples apports dont beaucoup viennent de non-Européens : l'alphabet, par exemple, transmis d'abord aux Phéniciens par les groupes sémitiques voisins de la péninsule du Sinaï, est passé ensuite aux Grecs et aux Romains, puis s'est diffusé dans les parties plus septentrionales de l'Europe ; le système que nous employons pour la notation des nombres est d'origine arabe, de même que l'algèbre, et, d'autre part, savants et philosophes arabes ont joué un rôle important dans les diverses « renaissances » dont l'Europe médiévale a été le théâtre ; les premiers astronomes apparaissent en Chaldée et c'est dans l'Inde ou le Turkestan qu'est inventé l'acier ; le café est d'origine éthiopienne ; le thé, la porcelaine, la poudre à canon, la soie, le riz, la boussole nous viennent des Chinois, qui, d'autre part, connurent l'imprimerie bien avant Gutenberg et surent, très tôt, fabriquer du papier ; maïs, tabac, pomme de terre, quinquina, coca, vanille, cacao sont dus aux Indiens d'Amérique ; l'Egypte antique a fortement influencé la Grèce et, si le fameux « miracle grec » s'est produit, c'est très précisément parce que la Grèce a été un carrefour où se sont rencontrés maints peuples et cultures différents ; on ne saurait, enfin, oublier que les gravures et peintures rupestres des époques préhistoriques aurignacienne et magdalénienne (œuvres d'art les plus anciennes que l'on connaisse en Europe et dont il est permis de dire que leur beauté n'a pas été dépassée) furent l'œuvre des hommes dits de la « race de Grimaldi », probablement [32] apparentés aux actuels négroïdes, oublier, non plus, que, dans une autre sphère esthétique, la musique de jazz, dont le rôle est aujourd'hui si important dans nos loisirs, a été élaborée par les descendants des nègres africains amenés comme esclaves aux Etats-Unis et auxquels ce même pays est par ailleurs redevable quoi qu'on puisse y penser de ces nègres de la littérature orale qui a servi de base aux contes de Uncle Remus, ouvrage dont la renommée est internationale.